La perfide Albion Index du Forum
Auteur Message
<  Les Résidences particulières  ~  Nothing Hill - Appartement de Raphaël Death
Cyril Eraste de Kyrene
MessagePosté le: Jeu Aoû 09, 2007 3:29 pm  Répondre en citant
Claveciniste


Inscrit le: 15 Juin 2007
Messages: 71

Mue par une volonté propre, sa main remonte le long de la nuque avant de se noyer dans les mèches soyeuses avec délice. Sa jumelle est jalouse, elle se referme en un poing rageur quand Cyril lui interdit de quitter son exil. Il ne veut pas, pas tout de suite. Juste cette bouche, ces lèvres et ce goût qui lui donne le vertige et fait battre son coeur plus vite. Il voudrait poursuivre cet entretien, laisser ses mains interroger ce corps désiré et se laisser tomber plus bas encore dans le gouffre. Mais Raphaël s'écarte. Le grec n'a plus qu'à s'incliner.

- " Je ne fais pas ça pour être satisfait, Raphaël, mais parce que j'en ai besoin. " glisse-t-il, un sourire d'antan, tout à la fois tendre et moqueur, sur les lèvres.

Un pas en arrière, sa main abandonne à son tour et retombe mollement le long de son corps. La tasse offerte quelques minutes plus tôt rejoint son autre main mais Cyril ne se résoud pas à y boire. Il a encore le goût de Raphaël sur la langue, et comme un enfant qui ne sait pas s'il pourra encore avoir sa friandise préférée, il savoure encore un peu ce qu'il en reste, essaie de faire durer le plaisir un peu plus longtemps.

Son tour est passé maintenant, il faut satisfaire aux questions du vicomte. Cyril renâcle pourtant. L'être misérable qu'il a été - qu'il est probablement encore -, il répugne à le montrer complètement à celui qui l'a mieux connu que quiconque. Le sourire se fâne et disparaît dans la première gorgée de café. Trop amer pour lui, mais à dire vrai, les vieilles appréhensions, les vieux démons laissent un goût bien plus âcre sur sa langue.

- " La première année, je l'ai passée à voyager et j'y ai perdu mon oeil. "

Avec indifférence, il fait un geste vague pour désigner le bandeau qui ne recouvrait qu'une orbite vide. Ce n'est pas l'absence d'oeil qui le dérange. C'est ce qu'elle représente. Les fièvres qui l'ont fait délirer et cette agonie. Il n'avait jamais cru en Dieu mais à ce moment, il avait bien voulu croire à Lucifer et aux tourments de son royaume.

- " Et comme je voulais bien l'oubli mais pas à ce prix-là, je suis revenu en Europe. Depuis, je passe d'un clavecin au Milestone. "

Un rire railleur l'envahit et il le laisse s'échapper du bout des lèvres. Ce rire a un goût de larmes et pourtant son oeil est sec, il fixe Ruthven. Il se fait pitié, mais ne sait pas trop s'il doit en rire ou en pleurer. Peut-être les deux. Lui, autrefois si arrogant, tellement persuadé de tout savoir. Au premier coup, tout était parti en éclat ; aujourd'hui, il ne faisait d'essayer de recoller les morceaux.

Pitoyable.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Ven Aoû 10, 2007 11:10 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

A la correction verbale de Cyril, Raphaël répondit par un haussement de sourcil et un sourire ironique. Le baiser qu’ils venaient d’échanger n’était ni une réponse ni une solution. Il pouvait être une erreur – cela le Vicomte n’en était plus vraiment sûr – mais si tel était le cas, il la réitérerait sans hésiter. Toutefois Cyril aurait tort de compter sur la docilité nouvelle du jeune homme. L’aristocratique ego, écarté sans droit de parole, se manifesta dans une réponse vitriolée.

Comme tu avais besoin de moi il y a trois ans, certainement. »

Il s’en voulut presque aussitôt, mais son orgueil étouffa d’un poing rageur le pardon qui menaçait de franchir ses lèvres. Cyril ne lui donnerait de toute façon pas l’occasion de vérifier s’il l’avait atteint. Raphaël espérait qu’il ne lui donnerait pas cette occasion. Qu’il retrouve ses réflexes de comédien. Qu’il mente avec brio. Qu’il brouille les pistes comme il savait si bien le faire autrefois. Raphaël Johann Death ne tombait pas amoureux, il admirait la compétence et le génie. Et il n’avait jamais admiré personne plus que Cyril de Kyrene.

Macbeth et Ophélie ont fui, certainement guidés par ce pressentiment propre aux animaux, pressentiment les avertissant à coup sûr d’une catastrophe, incendie, naufrage, ou aveux qui tourneraient mal… Raphaël suivit un instant des yeux la course silencieuse des félins. Puis son attention toute entière vint retrouver le singulier personnage, seul capable de le faire sortir de ses gonds en l’espace de quelques phrases. Le silence soudain de la pièce fut lacéré par les mots du grec. Par son elliptique résumé de ses années d’absence. Un résumé qui fit naître des questions et n’apporta aucune réponse.

Ce fut son rire, surtout, qui le dérangea. Un rire révoltant par son acceptation. Les prunelles de Raphaël s’embrasèrent, son visage tout entier, loin du masque statuaire, exprimait une colère volcanique.

Quelle émouvante histoire. » railla-t-il d’abord, son regard accusateur fixé sur Cyril. Car pour l’aristocrate, l’homme n’était pas une victime, il était coupable. Coupable par sa lâcheté, son abandon, sa fuite, coupable parce qu’il se jetait dans un précipice qu’il avait lui-même creusé.

Puis, aussi soudainement qu’une digue rompant sous la pression des eaux, les mots de Raphaël s’échappèrent de sa bouche en une crue dévastatrice. Il n’y avait ni préméditation, ni réflexion. La sincérité brute qui était à leur source teintait ses paroles d’une violence rugueuse.

Pleure si tu as envie de pleurer, Cyril. Tout plutôt que ta fausse acceptation de héros tragique ! Tu n’en as même pas l’étoffe ! Eux, luttent, pas toi. Qu’est-ce que tu attends de moi ? Je ne suis pas ton ami. Je ne t’offrirai pas mon épaule, je ne te conforterai pas dans tes choix en te disant qu’ils sont bons et que tu ne pouvais pas faire autrement. Je ne suis pas là pour te chercher des excuses, je n’ai pas de temps à perdre. Si c’est tout ce que tu as à m’offrir tu peux partir. Je ne m’abaisserai pas à avoir pitié de toi. Je n’en ai pas envie. Tu me déçois. Et cela, je ne pourrais pas te le pardonner. Je ne pourrais pas te pardonner de souiller l’admiration que j’avais pour toi. »

Raphaël se tut brusquement, essoufflé, les tempes battantes. Il était là, à se battre contre des moulins à vent, à essayer quoi, au fond ? Sauver Cyril ? Avait-il seulement besoin de l’être. Pourquoi s’investir autant dans une entreprise vouée à l’échec ? Tournant le dos au grec, il appuya ses deux mains sur le plan de travail, les mâchoires serrées et les prunelles humides. L’envie de pleurer était là, incongrue. Il ferma les paupières de toutes ses forces, s’interdisant cette faiblesse là, surtout devant quelqu’un qui n’était plus que l’ombre de celui qu’il avait connu.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Cyril Eraste de Kyrene
MessagePosté le: Sam Aoû 11, 2007 10:06 pm  Répondre en citant
Claveciniste


Inscrit le: 15 Juin 2007
Messages: 71

Le retour à la réalité fut rude. Cyril ne s’y était, à dire vrai, pas attendu. Il cligna une fois, pris au dépourvu. Pourtant il ne recula pas devant l’assaut. Pas cette fois. Qu’on le juge coupable, qu’on le condamne à vie : cela, il pouvait encore l’accepter. Mais qu’on ne le piétine pas gratuitement, qu’on ne mette pas sa sincérité en doute. Et surtout pas quand il avait accepté d’abandonner ses masques insolents et ses atours clinquants comme il l’avait fait.

Toute tendresse s’évapora de son visage, le sourire disparut avec. Pas un son ne franchit ses lèvres, l’œil s’était fait méprisant : un coup aussi bas ne méritait pas même qu’on y réponde. Il ne méritait pas non plus de se ficher en plein cœur comme il l’avait fait. A défaut d'avoir pu l'éviter, le musicien ne lui laisserait pas voir cette victoire.

Chaque phrase du vicomte était autant de pierres lancées à la figure qui attisait un brasier d’émotions contradictoires. Indignation, peine, honte… mais entre tous, ce fut la colère qui l’emporta quand Raphaël se détourna. Sa voix trembla lorsqu’elle s’exclama :

- " Tu voulais des réponses à tes questions. Tu les as désormais. Assume et regarde-moi dans les yeux ! "

La tasse avait claqué contre la table en même temps que l’ordre de Cyril. Ses mains s’agrippèrent sans douceur sur les épaules de Raphaël et y imprimèrent une secousse. Il voulait qu’il le fixe droit dans les yeux. Il refusait d’être éconduit, d’être jeté de la sorte. Ne m’ignore pas, je ne veux pas. Je veux bien supporter les brimades et les refus, mais ne m’abandonne pas.

- " Mon cadavre ne satisfait pas à tes exigences princières ? Il ressemble trop à la plèbe sans doute. Dommage pour toi. Dommage pour nous. Je n’ai plus que ça à offrir à tes crocs. Regarde-moi ! Je ne partirai pas ! "

Le reste... l’orgueil et cette illusion sublime d’être au dessus de la masse, de valoir plus que les autres... Tout. Raphaël avait emporté tout le reste, il y avait trois ans déjà.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Sam Aoû 11, 2007 11:29 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

Un sursaut secoua Raphaël. Il ne sut pas exactement, du ton de Cyril ou de la rencontre de la porcelaine avec la table, qui l’avait provoqué. Son rythme cardiaque s’accéléra, l’adrénaline monta en flèche. La dernière fois qu’il s’était retrouvé confronté à la violence de Cyril, il lui avait fallu des mois pour le surmonter. Qu’il se taise. Bon sang, qu’il se taise. Les yeux toujours fermés à s’en faire mal, le Vicomte refusa d’obéir aux ordres du grec. Il était plus tendu que la corde d’un arc, ses épaules paraissaient taillées dans le marbre.

Il n’était plus temps de prendre de la distance, plus temps de jouer un rôle, même plus temps d’improviser.
‘Je ne partirai pas !’
Raphaël ne voulait pas qu’il parte, il voulait qu’il reste avec lui pour cette nuit, cette semaine, cette année. Il voulait l’avoir comme partenaire, comme spectateur, comme mentor, comme amant. Il voulait qu’il reprenne sa place, qu’il comble le vide qu’il avait laissé. Que sa propre fuite avait causé.

Lorsque l’aristocrate se tourna vers Cyril, il lui présenta un visage aux prunelles hantées. Le même visage qu’avait reflété le miroir lors de cette nuit funeste. Un étau lui compressait si fort la gorge qu’il n’était plus certain de pouvoir parler de façon intelligible. Il aurait pu se libérer, quitter la cuisine en humiliant Cyril d’un rire froid et indifférent. Il en aurait été capable. Mais s’il restait dans sa tour d’ivoire, il le perdrait. Il le perdrait pour toujours. Il ne se pardonnerait pas d’avoir tourné le dos à la seule chance qui lui avait été offerte. La seule chance de l’aider. De lui rendre tout ce qu’il lui avait donné.

Je ne te laisserai pas partir Cyril. Je veux juste que tu te battes. » murmura Raphaël d’une voix brisée.

Les mains du jeune homme se posèrent sur le torse du grec, remontant lentement jusqu’à la nuque tendre, plongeant dans les mèches soyeuses pour attirer le visage de Cyril vers lui, apposant son front contre le sien.

Tu ne ressembles à personne. A personne. »
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Cyril Eraste de Kyrene
MessagePosté le: Dim Aoû 12, 2007 2:30 pm  Répondre en citant
Claveciniste


Inscrit le: 15 Juin 2007
Messages: 71

[ Pas frapper... xD ]

Lorsqu'il se réveilla le lendemain, Cyril trouva Raphaël dans ses bras. Un peu surpris, il fixa longuement le visage endormi qui reposait à côté de lui dans la pénombre. Les évènements de la soirée lui revinrent en mémoire au compte goutte. Il se souvenait de sa colère, de sa douleur et d’un nœud d’émotions qu’il n’avait pas voulu ordonner sous peine de les voir éclater comme un collier emmêlé. Il se souvenait avoir juré, avoir supplié. Avoir avoué qu’il ne voulait pas être seul dans le noir. Et ses mains, ses lèvres qui redécouvraient le corps de Raphaël, avec tendresse. Presque timides même. Angoissé à l’idée de refaire les mêmes erreurs, il l’avait été. Assurément.

Mais finalement, lorsqu’il s’était fondu en lui, qu’ils n’avaient plus fait qu’un, ça avait été indescriptible. Comme la saveur de l’eau après une traversée du désert, une critique élogieuse après des mois de répétitions, le soleil athénien sur sa peau et tant d’autres choses.

Le plus délicatement possible, il attira Ruthven tout contre lui et lorsqu’il sentit la peau satinée sous sa paume, un soupir de soulagement franchit ses lèvres. Ce n’était pas un délire né de son imagination. Il se sentait un peu fiévreux, probablement la tension accumulée ces derniers jours. Ca ne l’aidait pas vraiment à réfléchir. Et puis, finalement à quoi bon spéculer ? Cela gâchait le plaisir.

Ses doigts caressèrent sans qu’il le réalise vraiment les mèches amarantes avec douceur tandis que du lit, il observait la chambre de Raphaël. A la Scholeio, il n’avait jamais eu aucune raison d’aller dans la chambre de son étudiant favori, alors que lui avait eu le loisir d’admirer le désordre monstre qui régnait dans la sienne à chaque fois qu’il venait pour une question, un devoir ou n’importe quoi d’autre. Aussi était-il curieux de voir quels secrets elle pouvait renfermer.

Sentant bouger le vicomte, il reporta de nouveau son attention vers lui. La chambre attendrait, Cyril avait bien l’intention de revenir de toute façon. Pour le moment, il n’y avait pas d’autre endroit où il aurait aimé se trouver. Il se sentait bien. Ca ne lui était pas arrivé depuis des années. Merveilleusement bien même.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Lun Aoû 13, 2007 2:47 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

[ *frappe quand même* ]

Encore plongé dans une douce torpeur, Raphaël se sentit attiré vers le grand corps tiède qui reposait à côté de lui. Machinalement, comme un chaton cherchant le ventre de sa mère dans son sommeil, le jeune homme se nicha contre Cyril, parfaitement abandonné. Les caresses aériennes qui effleurèrent ses cheveux firent quitter à Raphaël le monde de Morphée. Les paupières papillonnèrent un instant avant de s’entrouvrir sur l’ambre liquide des prunelles. Après quelques fractions de seconde le visage de Cyril se dessina nettement. L’ombre d’un sourire vint se nicher à la commissure des lèvres de l’aristocrate.

Tu es plutôt performant pour ton âge. » ironisa-t-il d’un ton badin, levant une main nonchalante pour glisser l’une des longues mèches blondes derrière l’oreille du grec.

En quelques mouvements adroits, Raphaël se jucha au-dessus de son amant, croisant les bras sur le torse de Cyril avant d’y appuyer son menton. De la nuit dernière, il n’avait rien oublié. La douceur du grec avait stigmatisé chaque parcelle de sa peau, il en portait désormais l’empreinte sur son corps tout entier. L’extase était venue si vite qu’il en était encore frustré, il voulait plus, Cyril lui avait offert un avant-goût exquis, avait excité son appétit jusqu’à le rendre insatiable. Il devrait assumer.

La chambre au décor asiatique voyait pour la première fois un deuxième occupant. La décoration était spartiate, presque austère. La pièce n’était pourtant pas froide, la prépondérance du rouge et de ses nuances réchauffant l’atmosphère. Coussins noirs aux bordures andrinople, couvertures andrinoples aux bordures noires. Une table basse d’ébène verni sur laquelle reposait un vase écarlate contenant trois oiseaux de paradis dont les pétales d’un blanc éclatant ressemblaient à des poignards immaculés.

Je devrais te mettre dehors. Tu me distrais. » ajouta Raphaël, sourcil aristocratiquement levé, sans faire pourtant mine de libérer Cyril du poids de son corps. Il disait pourtant vrai, il devait travailler, comme chaque jour, mais ce matin, un petit grain de poussière venait déranger les rouages et perturber le mécanisme.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Cyril Eraste de Kyrene
MessagePosté le: Mar Aoû 14, 2007 3:19 pm  Répondre en citant
Claveciniste


Inscrit le: 15 Juin 2007
Messages: 71

[ *menace de brûler sa cravache pour se venger* ]

- " Je suis comme le vin. " rit-il crânement.

Un bras dans le creux de la nuque en guise de coussin, il observait sans bouger Raphaël. Un sourire satisfait flottait sur ses lèvres et sa main migra vers la hanche de l'anglais avec une lenteur taquine. La sentence lui convenait, il se sentait tout à fait le coeur à jouer les prisonniers. Surtout si son charmant geôlier acceptait de partager sa cellule. Déjà la caresse des mèches fauves sur son torse faisait naître une salve de frissons. Tendant le cou, il embrassa le front et attirant à lui Raphaël, ses lèvres coururent le long de la tempe, frôlant à peine la peau veloutée.

- " Ah, vraiment ? "

Le murmure ravi glissé au creux de l'oreille et d'un mouvement de la hanche, Cyril les fit tous les deux rouler sur le côté. Appuyé sur le coude, il mordilla délicatement le lobe tentateur avant d'explorer des lèvres la courbe du cou. Sa bouche s'attarda un peu là où battait le pouls, juste sous la mâchoire délicate pendant que sa main prenait possession de la nuque. Il pourrait rester là toute la journée à lui faire l'amour, à sentir son corps frémir sous ses caresses.

- " Et quelle est donc cette chose tellement importante qui passe avant moi ? "

La tête dans le creux de la main, il badine, mais la voix est plus grave et le coeur bat plus vite. Lui avait tout son temps. Les répétitions ne commençaient pas avant quatorze heures. D'ici à ce qu'ils sonnent, il comptait bien profiter de chaque minute qu'il aurait à disposition.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Mer Aoû 15, 2007 8:30 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

[*couine de peur*]

S’il avait voulu se montrer gentil – sincère aurait été plus exact – Raphaël aurait certainement assuré à Cyril qu’en plus de se bonifier avec l’âge, il était aussi enivrant que l’alcool à la robe rubiconde. Mais le Vicomte n’avait pas le compliment facile. Il se contenta donc de sourire un peu plus largement et d’imprimer l’empreinte de son corps contre celui du grec. Les iris couleur miel se coulèrent un instant sur le bandeau noir derrière lequel se dissimulait l’orbite vide. Curieusement, ce handicap n’enlaidissait pas Cyril. Et tout aussi curieusement, Raphaël n’avait pas vu là une tare qui empêcherait tout contact physique entre eux. Preuve en était donnée.

Les doigts qui glissaient sur sa peau nue y laissaient une empreinte furtive. Un frisson le saisit depuis le creux des reins jusqu’à la nuque. Il était exactement là où il voulait être. Là où il voulait être depuis la première fois où il avait vu Cyril sur les planches. En lui, un cri s’était tu, et le silence soudain le perturbait plus qu’il ne le rassérénait. Bientôt il lui faudrait quitter la tiédeur des draps et celle de la peau de Cyril mais pour l’instant il n’était pas question de s’éloigner. Chaque seconde avait un parfum d’éternité. Abandonné, le jeune homme laissa Epicure l’entourer de ses attentions. Il avait l’habitude d’être traité en prince.

Tout à fait… » acquiesça-t-il en suivant le mouvement que Cyril imprimait à leurs corps.

Le cou arqué, Raphaël laissa échapper un gémissement qui ressemblait presque à un ronronnement de pure satisfaction. Ses bras se refermèrent autour de son amant. Joueur, il griffa le dos aux muscles tendus, marquant subtilement son territoire.

La Scène, mon vieil amant. » répondit Ruthven d’un ton parfaitement tragique.

Du dos, la main glisse jusqu’au torse, la paume trouve le cœur et n’en bouge plus. Sentir le rythme de sa vie juste sous ses doigts. Puis s’amuser à dessiner des pentacles imaginaires sur le ventre dénudé. Raphaël, après une courte réflexion, accorde, pour quelques minutes encore, sa complète attention à Cyril. Et plus précisément aux lèvres de celui-ci, qu’il vient provoquer des crocs avant d’en prendre voracement possession.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Cyril Eraste de Kyrene
MessagePosté le: Ven Aoû 17, 2007 11:29 pm  Répondre en citant
Claveciniste


Inscrit le: 15 Juin 2007
Messages: 71

- " La concurrence est des plus déloyales... " soupira-t-il avec une moue mécontente.

Toute théâtrale que soit sa déclaration, il ne mentait pas. Il aurait été déplacé de sa part de se plaindre quand c'était à cause de la Scène justement que ses premières fiançailles avaient été un fiasco. Mais tout de même, ce n'est pas l'envie qui manque alors il fronce les sourcils et joue l'enfant boudeur. Juste pour le plaisir de ne pas céder trop vite.

Le ventre du grec se contracta. La peau était sensible à cet endroit, elle se hérissa sous les doigts de l'anglais. Et finalement, ce fut tout contre les lèvres de Raphaël qu'il rit. Chaste baiser, sa langue restera sage pour cette fois. En revanche, l'air qui s'était glissé entre eux était de trop, il s'approcha aussitôt. Des deux bras, il enlaça la taille délicate et emprisonna Ruthven sous le poids de son corps.

- " J'espère que tu sais que tout sacrifice exige compensation égale. " fit-il remarquer, le regard rieur.

Sur ces mots, il s'éloigna et quitta le lit, feignant le plus grand détachement. Cyril a envie de transmettre un peu de son impatience à son amant, il veut bien attendre son tour mais il ne veut pas être le seul.


[ C'est court, et c'est nul. Heureusement que je pars en vacances demain, tu auras deux semaines pour digérer cette horreur. Et moi aussi, mdr. ]

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Dim Aoû 26, 2007 5:29 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

Le mécontentement de Cyril amenait la satisfaction de son jeune amant jusqu’à son point culminant. Raphaël jouissait particulièrement de la déconfiture d’autrui, surtout si autrui était un grec borgne aux mensurations parfaites et à l’admirable endurance. L’expression séraphine rappelait celle d’un chat devant un bol de lait chaud sucré. Que Cyril cède et il gâcherait son plaisir. Il eut le bon goût de ne pas le décevoir.

Pour féliciter son partenaire, Raphaël lui octroya quelques caresses avant de recevoir le rire de Cyril qui glissa sur les éclats nacrés de ses dents avant de trouver refuge à la commissure de ses lèvres. Câlin, l’anglais chercha le cou de son amant, retrouvant en son creux l’odeur tiède qui n’appartenait à aucun autre. L’étau qui se resserra autour de sa taille, la pression du corps qui le dominait, le firent étouffer un soupir contre la peau du grec.

Je n’ai jamais appliqué ce genre de principe. L’égalité n’appartient pas à mon échelle de valeurs. » rétorqua Raphaël sans chercher à retenir son compagnon. L’impatience, l’autre l’a transmis aussi facilement que le désir, mais Raphaël ne mériterait pas sa réputation s’il n’était pas capable de jouer le grand indifférent.

Il détourna volontairement les yeux de la silhouette dénudée de Cyril, jugeant inutile de se soumettre délibérément à la tentation de paresser au lit à faire impudemment l’amour. En quelques mouvements fluides il avait lui aussi quitté le futon et enfilé le pantalon de soie noire qui lui tenait lieu de pyjama. Sa main s’égara nonchalamment dans sa chevelure afin de rendre aux mèches amarante un semblant d’ordre. Derrière la porte, Macbeth et Ophélie l’attendaient, assis sagement, côte à côte, telles deux statues égyptiennes.

Si tu veux prendre une douche, c’est la deuxième porte à droite. Et si tu veux du café… »

Regard en coin, saveur orange amère.

… suis moi. »

Macbeth et Ophélie n’ont pas attendu la fin de leur court entretien, ils cavalent déjà en tête, direction la cuisine et – accessoirement – leur gamelle. Appel muet mais impérieux d’un quotidien réglé comme une horloge.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Cyril Eraste de Kyrene
MessagePosté le: Ven Sep 14, 2007 1:03 am  Répondre en citant
Claveciniste


Inscrit le: 15 Juin 2007
Messages: 71

Il haussa une épaule, indifférent. Ce genre de détails ne le concernait pas : il voulait compensation, compensation il y aurait donc. Tant mieux si son amant résiste et se fait désirer, la chasse le mettait toujours en appétit. Et s'il était toujours nu lorsque Raphaël lui proposa un café, c'était uniquement parce que sa chemise était introuvable. Le Tu ne sais vraiment pas ce que tu rates qui brillait au coin de l'oeil n'y était, bien entendu, pour rien. Ou si peu.

L'anglais était en train de nourrir ses chartreux quand Cyril le rejoignit. Sa chemise toujours introuvable, il avait enfilé son pull vert anglais et son pantalon noir. La perspective de parader en boxer dans l'appartement ne l'avait pas réjoui plus que ça. Il n'était pas plus pudique qu'un autre. En revanche, son sang méditerranéen s'accommodait mal des températures barbares et malgré l'été, le mercure britannique était loin de rivaliser avec les 38 degrés à l'ombre d'Athènes.

S'étirant avec un grognement de satisfaction, il observait Raphaël sans un mot, son éternel sourire à la fois moqueur et tendre sur les lèvres. Le tableau lui semblait idyllique. L'incarnation parfaite de ce qu'aurait été sa vie. Sa vie telle qu'il voulait autrefois qu'elle soit. Turbulante et tumultueuse au dehors mais une fois rentré dans le cocon, pas de surprises, juste le plaisir de se reposer et de dire : je suis à la maison. La maison... ça faisait déjà trois longues années qu'il n'avait plus considéré un endroit comme un chez lui.

- " Par ta faute, j'ai failli mourir d'hypothermie et tu n'aurais pas versé une seule larme sur mon cadavre. " rit-il en voyant les attentions auxquelles les félins ont droit.

Etouffant un bâillement, il s'installa à la table sans quitter son amant du regard. Et la tête posée dans le creux de la paume, le visage barré de mèches blondes, il se dit qu'il adorerait s'introduire dans ce quotidien rassurant de régularité.

- " Puis-je espérer voir mon Marquis pour le déjeuner ? Nous risquons de répéter tard dans la soirée et je n'ai pas beaucoup eu l'occasion de dormir cette nuit. "

Une ironie sucrée teinte sa demande. Il entend d'ici Raphaël répliquer qu'il travaillera au déjeuner juste pour le frustrer un peu plus.


[ Bon, maintenant je vais me coucher. * baille * ]

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Dim Sep 16, 2007 3:23 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

Ce qu’il ratait, Raphaël, à défaut de le savoir avec certitude, l’imaginait avec une certaine délectation. En revanche il faisait confiance à Cyril pour le lui rappeler régulièrement, à dire vrai chaque fois qu’il refuserait de se laisser infléchir par ses arguments physiques - pourtant solides. Protégé par son inflexible volonté, le jeune homme fila en direction de la cuisine sous prétexte de subvenir au bien-être stomacal de ses chats.

Si Raphaël offrait à son amant le spectacle de son quotidien si méticuleusement programmé, n’en restait pas moins que derrière cette élégante façade qu’il offrait à ce spectateur inédit, le comédien apprivoisait avec retenue l’introduction d’un personnage étranger dans le décor familier de sa cuisine. Le soleil qui brillait déjà nimbait d’un halo ocre les lattes du parquets, donnant à la pièce une chaleur apaisante. Etait-ce l’absence du masque indifférent qu’il n’avait pas encore ajusté à ses traits ou celle de vêtements sur son torse d’un blanc laiteux, mais l’anglais paraissait plus jeune que ses vingt-cinq printemps.

Verser les croquettes dans les deux bols vert empire, vérifier le niveau de l’eau de l’abreuvoir, gratifier les dos ronronnants d’une caresse légère avant seulement de penser à préparer son café, autant de choses que l’anglais n’aurait jamais imaginé intégrer à sa vie. Il constatait non sans ironie que ses chats faisaient partie des êtres qui lui étaient le plus proches. Lui qui gardait avec tout bipède des relations n’excédant jamais la politesse cordiale et généralement intéressée, il s’était laissé surprendre, et certainement apprivoisé, par deux fauves miniatures.

« Certes. Mais j’aurais envoyé des fleurs. »

Et peut-être par un troisième un peu plus gros, songea-t-il en lorgnant Cyril du coin de l’œil, légèrement déçu par la présence de vêtements sur le corps de l’homme. Veillant toutefois à n’en rien laisser paraître, il retira la bouilloire électrique de son support et délivra son contenu brûlant sur le café moulu qui n’attendait que cela. Plus que quelques minutes et Cyril aurait droit au breuvage le plus amer qu’il ait jamais goûté. Pas étonnant qu’avec un tel carburant le Vicomte soit capable de travailler dix-huit heures par jour.

L’invitation déguisée amène sur l’ourlet des lèvres un sourire ambigu. Raphaël n’a pas encore pris de décision pour l’avenir. Leur avenir. S’il en avait un. L’aristocrate aime prendre son temps, il simule, compare, dresse la liste des avantages et des inconvénients. Il est sa propre référence et ne demande jamais l’avis de nul autre. Cette indépendance là le rend intouchable, sur certains points seulement. Par jeu il ne répond pas, hausse une épaule négligente avant de s’emparer de la cafetière et de remplir leurs deux tasses installées d’un même mouvement sur l’ébène de la table.

« Si tu apprends à te conduire correctement en société d’ici là, j’envisagerai peut-être de te consacrer quelques dizaines de minutes. Aucune marque de familiarité, il s’agira d’un déjeuner professionnel. Je n’aime guère les rumeurs, surtout s’il faut qu’elles m’accordent avec un homme dont les fiançailles ne font plus mystère. »

Contrastant avec le détachement du ton, la main caressante de l’anglais vint glisser les mèches claires de Cyril derrière son oreille avant de descendre sur l’épaule pour enfin gratifier la nuque d’effleurements délicats.

« Et ne m’appelle pas ton petit Marquis. »
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Cyril Eraste de Kyrene
MessagePosté le: Dim Oct 07, 2007 4:35 pm  Répondre en citant
Claveciniste


Inscrit le: 15 Juin 2007
Messages: 71

S'il y avait une comparaison possible, Cyril aurait penché pour les félins. Ils n'aiment rien moins qu'un collier autour du cou et si vous vous obstinez à empiéter sur leur territoire, ils feront leurs griffes et leurs crocs sur vous. C'était fatiguant. Mais c'était aussi ce caractère plus acide que sucré qui faisait que le grec n'en appréciait que plus l'accalmie.

- " Ca risque d'être délicat, tu sais que je n'ai aucune manière. "

Un sourire fier éclairait son visage, orgueil de celui qui n'aime rien faire comme on lui demande. Dis-moi à droite et j'irais à gauche. J'aime quand tes yeux brillent, furieux, et quand ton visage devient rouge sous le coup de la colère. Ton masque me plaît, mais je te préfère sans.

La tasse qui l'attendait sur la table, il l'écarta d'un geste de la main tandis que son iris signifiait à l'aristocrate qu'il ne l'avait pas suivi pour un café, juste avant de disparaître sous la paupière. Les doigts caressants libérèrent un frisson le long de sa colonne vertébrale sans qu'il ne cherche à l'arrêter et Cyril se laissa aller contre cette main.

- " Et je ne pourrais plus t'embrasser. " lança-t-il dans un soupir pitoyable. Puis d'ajouter, le regard fixé dans celui du vicomte : " Il te faudra jouer mieux que bien aux répétitions d'aujourd'hui, dans ce cas. "

Il faisait références aux répétitions. Qu'il semblait décidé à aller voir avec ou sans l'accord de Raphaël. Se relevant aussitôt, il avala le café d'un trait, grave erreur. L'amertume du liquide fumant le fit grimacer, il n'y avait bien que l'anglais pour boire une horreur pareille de toute manière. La tasse retrouvait la table qu'il récupérait les affaires qu'il avait abandonnées la nuit précédante :

- " Si tu retrouves ma chemise, tu pourras la garder. "

Et il allait partir définitivement quand il sembla se souvenir de quelque chose. En quelques pas, il rejoignait l'anglais, l'embrassait aux coins des lèvres et disparaissait pour de bon avec un : " Je ne te qualifie de 'petit' que lorsque je suis ivre. " et un grand éclat de rire.

_________________
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Sam Oct 13, 2007 12:29 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

J’ai beau le savoir, je ne t’en excuserai pas plus pour autant. » rétorqua Raphaël d’une voix froidement sincère. Il mentait un peu. La réalité étant qu’il n’avait aucune certitude concernant Cyril. Le fait l’horripilait au plus haut point. Tout comme son sourire qui en provoquant le sien l’obligeait à froncer les sourcils.

Je ne fais pas dans l’élevage d’animaux récalcitrants. » ajouta-t-il ensuite, pour faire bonne mesure, affutant déjà les flèches pour qui le dos du grec serait une cible parfaite. Sur les traits fins l’expression du prince dédaigneux devant sa cour indocile. Plutôt seul qu’encombré.

Déjà les doigts aristocratiques se frayaient un chemin jusqu’à la douceur soyeuse de la nuque de l’homme, jouant la contradiction en sol majeur. Caresser comme on félicite, pianoter du bout des ongles quelque chose comme je te donnerai un avant-goût de ce que tu es venu chercher mais seulement si tu te montres sage car je n’aime pas les enfants turbulents.

Le sillon de contrariété, disparu en une éclipse d’abandon retenu, revint rapidement creuser l’étendue marmoréenne du front de Raphaël. Dans un même mouvement la main s’échappe tandis que le grec déplie sa longue silhouette. La trêve prend fin aussi furtivement qu’elle s’était installée. Levée de boucliers. Un sourire malsain déforma les lèvres pleines lorsque Cyril commit l’erreur de vider sa tasse d’une seule, longue et douloureuse, gorgée. Raphaël espéra que la café avait rongé dans l’œuf le projet que l’agaçant personnage venait de fomenter.

Je joue toujours mieux que bien. Que tu sois ou non dans le public. » objecta avec humeur l’anglais. « Mais si tu t’y trouves, tu ne pourras effectivement plus m’embrasser. » le menaça-t-il ensuite entre ses dents serrées.

Menace inutile puisque l’idiot du village prenait déjà la fuite dans un grand éclat de rire. Les jointures de Raphaël blanchirent sous la pression de ses poings fermés. Les arrêtes du nez pincées et les prunelles incendiaires, il se repassa au ralenti le film des dix dernières secondes. Puis il tourna les talons et rejoignit la salle de bain d’une démarche altière.

S’il trouvait sa chemise, le Vicomte la lui ferait parvenir séance tenante. Une corolle d’angoisse, née du froissement de son quotidien, s’épanouit au creux de son ventre. Il ne souhaitait pas donner à leur intimité nouvelle des marques tangibles qu’elle ne méritait pas. L’eau chaude engloutit ses appréhensions. Inutile de s’encombrer l’esprit.


[topic fini :p]
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Raphaël Johann Death
MessagePosté le: Lun Déc 24, 2007 2:57 pm  Répondre en citant
Acteur


Inscrit le: 03 Juin 2007
Messages: 75

Le matin du réveillon de Noël

Le 24, pour Raphaël Johann Death, était un jour comme les autres. Puristes dans l'âme, le dîner de famille des Death se déroulait le 25 décembre, et ce depuis tant de décennies que remettre en question cette tradition revenait à commettre un crime de lèse-majesté. Or Raphaël n'avait rien d'un anarchiste. Sans compter qu'il n'était guère porté aux effusions de bons sentiments que provoquait l'approche des fêtes. Il n'y avait guère que sa soeur qui lui manquât vraiment, aussi s'était-il libéré une après-midi complète voilà de cela trois jours afin de la lui consacrer. Pour l'occasion il avait opposé un refus net à l'invitation de Cyril, expliquant non sans machiavélisme qu'il avait déjà un autre rendez-vous.

Confortablement installé dans son cabinet de lecture, ses fines lunettes reposant sur l'arrête de son nez, Raphaël poussa un soupir fatigué. Ses doigts trouvèrent ses tempes bourdonnantes et y imprimèrent des massages circulaires tandis que les paupières se baissaient pour mieux apprécier la caresse. Il ne savait que faire de l'épineux problème qui accaparait son quotidien depuis plusieurs semaines déjà. Un problème aux cheveux longs, au sourire atrocement agaçant, à la rageante nonchalance. Raphaël devait le reconnaître, il s'était laissé séduire. Exactement comme avant, exactement comme la première fois. Il n'avait absolument pas défendu ses habitudes pour interdire à Cyril d'y trouver une place.

Etait-ce la période qui le voulait, ou l'influence naturelle de son prochain rôle - un amoureux naïf poussé au suicide par la confiance candide qu'il faisait aux autres - toujours est-il que le Vicomte questionnait vivement la nature de la relation qui le liait à son ancien professeur. Pouvait-il uniquement la borner au sexe ? Cette réponse trop simpliste ne le satisfaisait pas. Certes leur première nuit n'avait pas été la seule, mais il était déjà arrivé à Cyril de passer simplement la nuit dans son lit sans chercher autre chose que le sommeil. Raphaël en venait à penser qu'il était plus un refuge qu'autre chose. L'idée en elle-même était risible, le jeune homme n'avait absolument rien de protecteur, mais Cyril avait déjà prouvé par le passé la logique implacable de ses raisonnements.

Surtout, ce qui agaçait l'acteur sans qu'il s'y attarde néanmoins, c'était la fiancée du musicien. Une fiancée qu'il ne paraissait toujours pas prêt à quitter. Depuis leur seule - et dieu merci, unique - rencontre, le prénom de la femelle n'avait plus été évoqué entre eux. Raphaël ignorait si ce silence tabou était quelque chose dont son amant avait conscience ou si, une fois de plus, il fuyait et ajustait ses propres oeillères.

-"Peu m'importe cet homme stupide et les erreurs qu'il ne cherche visiblement pas à réparer." conclut le Vicomte d'une voix basse et irritée. Pour cadeau, il lui ferait envoyer un formulaire de rupture de fiançailles. La nouvelle année approchant, il faudrait bien que Cyril prenne de bonnes résolutions s'il souhaitait le voir ailleurs que sur les planches ou sur un grand écran. Raphaël ne jouerait pas éternellement le rôle bancal qui lui avait échu par la force des choses...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures

Voir le sujet suivant
Voir le sujet précédent
Page 2 sur 5
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5  Suivante
La perfide Albion Index du Forum  ~  Les Résidences particulières

Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet


 
Sauter vers:  

Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum




Powered by phpBB and NoseBleed v1.09
Traduction par : phpBB-fr.com